Le chorégraphe portugais Marco Da Silva Ferreira déplie sa danse physique et ample, imprégnée de gestes des danses traditionnelles et urbaines sur Fantaisie en fa mineur de Schubert. Fantasie Minor est un duo où la pulsation ne s’arrête jamais, transforme l’écoute de la partition et projette dans des imaginaires de rave éblouissants.
Un carré blanc saturé de lumière. On se croirait sur une piste disco dans un film de science-fiction. Le public, jeune pour la plupart, encadre cet espace. Deux interprètes sautent les deux pieds sur la scène, un peu surélevée, dans un grand fracas. Le chorégraphe portugais t a développé une écriture du mouvement où s’entrelacent des gestes venus des danses traditionnelles avec d’autres venus des danses hip-hop et de club. Un cocktail qui détonne, où l’intensité physique est au maximum. Fantasie minor, pièce brève adaptée au jeune public ne fait pas exception. Cette digression sur Fantaisie en fa mineur de Schubert se plaît à jouer avec, tordre et métamorphoser notre écoute de la musique, au fil des gestes.
Comment musique et danse dialoguent ? Marco Da Silva Ferreira s’empare d’une des obsessions qui traverse le champ de la danse contemporaine, sans se prendre trop au sérieux. On s’était habitué à ses beats techno dans Bisonte ou Carcaça. Le choix de la partition du romantique Schubert surprend. Mais alors que Chloé Robidoux et Anka Postic tapent du pied avec brutalité, rebondissent en rythme en pliant les genoux et faisant bouger leur postérieur face à nous (le public scolaire est hilare) ou basculent leurs torse en avant en arrière (façon jacking, geste de base de la danse house), l’atmosphère se transforme.
Scandés avec une régularité sans faille, ces gestes toniques et larges (on note aussi des ondulations d’épaule, façon shimmy et des secousses des mains) donnent une autre couleur à la partition de Schubert, tout en rendant hommage à sa fantaisie, grâce à la complicité des interprètes. Alors que les danseurs marquent franchement la pulsation, la musique devient synthétiques, électroniques. En trente minutes chrono, Marco Da Silva Ferreira et ses complices donnent à entendre une nouvelle version de la partition de Schubert. Ils la projettent avec subtilité dans des imaginaires proches de l’esthétique du chorégraphe, urbain, queer, sportif, aidé par les costumes des interprètes : casquettes et baskets noires, short et chemise blanche translucide, brassière et trop top, qui pourrait être un uniforme pour danser en club. Mais aussi par les effets lumineux qui éblouissent. Contagieux, leurs gestes sembler toujours pulser, même après la fin de la représentation.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Fantasie Minor - Marco da Silva Ferreira / Collection tout-terrain du centre chorégraphique national de Caen en Normandie
Samedi 31 mai à 17h
Gratuit Au Parc forestier de la Poudrerie
→ Allée Eugène Burlot, 93140 Vaujours
→ Rendez-vous à La Cartoucherie
Dans le cadre de la belle saison à la Poudrerie, avec le soutien du Département de la Seine-Saint-Denis