L'édito d'Emmanuelle Jouan
Nous sommes toujours là
Nous sommes toujours là, conscient.e.s que des équipes artistiques, lieux et festivals… n’ont déjà plus cette possibilité. Ici, c’est une région, là un département, une ville, qui, pour des contraintes budgétaires réelles ou profitant du marasme politique national et international, règlent leurs comptes avec les services publics en général et évidemment celui de l’art et de la culture.
Nous sommes toujours là, parce que les élu.e.s de notre territoire tiennent, elles et ils savent que seules des politiques publiques ambitieuses et solidaires maintiennent ce qui reste de cohésion sociale et que soutenir l’art et la culture est essentiel.
Nous sommes toujours là, car les temps sont difficiles pour les équipes artistiques et la vitalité de la création. Inscrit dans le précieux écosystème des théâtres publics, le TLA s’engage pour faire entendre sur sa scène et dans l’espace public les récits d’aujourd’hui, dans toute la diversité et la richesse des corps et des paroles.
Nous sommes toujours là avec « Territoire(s) de la danse », de Tremblay tout au long de l’année à Avignon en été, pour soutenir le parcours des chorégraphes dans la durée, alors que la danse subit une crise de la production et de la diffusion sans pareille. Fidèlement associé.e.s ou nouvelles et nouveaux venu.e.s, les équipes artistiques tissent des liens forts avec l’équipe du TLA et la population pour continuer de faire vivre notre communauté dansante.
Nous sommes toujours là car notre maison est un lieu sûr pour les habitantes et habitants, à commencer par toutes les jeunesses de notre territoire. Dans un nouveau temps fort intitulé Vives jeunesses !, nous souhaitons qu’elles et ils puissent exprimer par elles et eux-mêmes leur sensibilité, leur créativité et leur engagement.
Parce que toute l’équipe du TLA œuvre avec enthousiasme, au quotidien, pour que cette maison soit celle du partage, de l’hospitalité, des rencontres artistiques intergénérationnelles. Le Grand ensemble #1 viendra cette saison rassembler des habitantes et habitants de tous âges autour d’un grand projet artistique et fédérateur.
Nous sommes toujours là, car « Le pouvoir exige des corps tristes. Le pouvoir a besoin de tristesse parce qu’il peut la dominer. La joie, par conséquent, est résistance, parce qu’elle n’abandonne pas. La joie en tant que puissance de vie, nous emmène dans des endroits où la tristesse ne nous mènerait jamais »*.
Cette joie, elle est au cœur de cette saison, revendiquons-la, ensemble, comme un manifeste !
Emmanuelle Jouan Directrice du Théâtre Louis Aragon
Juillet 2025
*Gilles Deleuze.