Rencontre avec Wajdi Mouawad - Directeur de la Colline, théâtre national

À Montréal, Jeanne et Simon, jumeaux canado-libanais, reçoivent de leur mère Nawal, récemment décédée, une lettre qui bouleverse leur vie. Celle-ci leur lègue deux enveloppes : l’une destinée à leur père qu’ils croyaient mort, l’autre à un frère dont ils ignoraient l’existence. Pour toucher leur héritage, ils doivent retrouver ces deux hommes au Liban, pays que leur mère a fui des années plus tôt. Leur quête les mène au cœur d’un passé marqué par la guerre civile libanaise, révélant peu à peu les secrets douloureux de Nawal, son engagement politique, son emprisonnement, et un drame familial insoupçonné.

Le film a été nommé à l’Oscar du meilleur film étranger en 2011.

Incendies - Denis Villeneuve - Bande annonce

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Wajdi Mouawad, auteur et metteur en scène franco-libanais, puise au cœur de sa double identité pour créer un théâtre à la fois intime et universel. Né au Liban, sa famille fuit la guerre et tente en vain de trouver refuge en France, avant de s’installer finalement au Canada. Cet exil forcé, cette errance entre les langues et les cultures, marquent profondément son œuvre. Dans ses pièces, l’exil n’est pas seulement un thème, mais une expérience vivante, un écho de sa propre histoire, où chaque récit porte la trace d’un départ, d’une perte, et d’une quête de réconciliation.

Pour Wajdi Mouawad, le texte est au centre de tout. Ses œuvres, souvent traversées par une dimension autobiographique, mettent en scène des personnages qui ressemblent à ce « Wajdi jeune et révolté » qu’il a été. Ses récits, à la fois épopées modernes et tragédies contemporaines, explorent les drames familiaux, l’altérité, et cette question cruciale : comment se réconcilier avec l’ennemi, avec soi-même, avec son histoire ? Son théâtre parle de déchirures, mais aussi de guérison – une guérison par la parole, par le partage des récits, par la scène qui devient un lieu de réparation.
Parmi ses textes les plus célèbres, Incendies — adapté au cinéma par Denis Villeneuve — raconte l’histoire déchirante d’une mère et de ses enfants confrontés aux secrets d’un passé de guerre.

La langue, enfin, est au cœur de son travail. Enfant, il parlait arabe ; aujourd’hui, c’est le français qui domine, et cette inversion, cette perte progressive de sa langue maternelle, nourrit sa réflexion sur l’identité et l’expression. Pour Mouawad, le théâtre est un espace où les langues, les mémoires et les cultures se rencontrent, s’affrontent et se réconcilient. Une œuvre puissante, où chaque mot compte, chaque histoire résonne, et où la scène devient un pont entre les mondes.

Aujourd’hui, Wajdi Mouawad est reconnu comme l’une des voix majeures du théâtre francophone. En 2024, il entre même au Collège de France pour y parler de l’invention de l’Europe par les langues et les cultures, preuve que son art dépasse les frontières et continue de nous rassembler.